La France multiplie les contacts avec les leaders de l’opposition ivoirienne. Après Tidjane Thiam, l’ambassadeur de France en Côte d’Ivoire a rendu visite le dimanche 10 novembre 2024, à Laurent Gbagbo avec qui la France a entretenu des relations tendues durant les dix années de pouvoir (2000 et 2011) de l’ex-président.
Le printemps semble se lever sur les rapports entre Koudou Laurent Gbagbo et Paris.
L’ambassadeur de France en Côte d’Ivoire, Jean-Christophe Belliard, à Abidjan a rendu visite à l’ancien chef de l’Etat, Laurent Gbagbo révèle une source diplomatique française.
Plusieurs sujets ont été abordés allant des enjeux économiques et politiques de la Côte d’Ivoire à la perception de la France dans la région ouest africaine en passant par les enjeux régionaux.
« Cette démarche s’inscrit dans la volonté de parler à tous les acteurs politiques de la Côte d’Ivoire », a détaillé la source diplomatique française.
La rencontre entre l’ancien président Laurent Gbagbo et l’ambassadeur de France intervient à moins d’un an de la présidentielle prévue en octobre 2025.
Un rendez-vous qui s’annonce très serré compte tenu d’une nouvelle configuration de la scène politique.
Pour le militant des droits de l’homme, Dr Gervais Boga Sacko, « cette rencontre avec l’ex-président de la République, Laurent Gbagbo, revêt une signification particulière ».
« Vous l’avez dit, depuis la crise post-électorale de 2010-2011, on peut dire que c’est la première fois officiellement que la France rencontre ce leader.
Cela dans un contexte où les révélations de monsieur Robert Bourgi ont dévoilé les manœuvres sordides de l’ancien président français dans les graves événements de 2010-2011.
Où Sarkozy a vitrifié Gbagbo. Qu’en serait-il si Gbagbo revenait au pouvoir en octobre 2025, comme cela est le cas pour Donald Trump aux États-Unis actuellement ?
Ne sait-on jamais. Je dirais donc que la France se prépare à cette éventualité », analyse-t-il pour 7info.
Pour l’ancien président de la FIDHOP, la Côte d’Ivoire reste un pays important pour la sous-région ouest africaine, mais encore plus pour la France.
Ce « d’autant plus qu’avec la confédération de l’AES, elle est en train de perdre sérieusement du terrain sur le continent.
Et cela semble irréversible. C’est ce qui oblige donc la diplomatie française à faire le tour des potentiels futurs dirigeants ivoiriens, notamment celles et ceux qui ont déclaré leur candidature », explique Boga Sako.
C’est ailleurs pour ces raisons, conclut-il, que la rencontre a duré plus de deux heures, avec « des échanges riches, sans tabou, de manière directe et spontanée dans une atmosphère chaleureuse », comme indiqué par l’AFP.
Laurent Gbagbo avait été contraint de quitter le pouvoir après une violente crise post-électorale qui a pris fin avec son arrestation, le 11 avril 2011.
L’ex-chef d’Etat ivoirien est de retour au pays après dix années d’absence dont huit passées à la Cour pénal internationale où il a été acquitté en mars 2021.
Mais depuis son retour, il fait face à une nouvelle affaire. Celle du braquage des agences de la BCEAO pendant la crise postélectorale.
Condamné à 20 ans puis radié de la liste électorale, Laurent Gbagbo se présente aujourd’hui comme le candidat hypothétique à la présidentielle de 2025.
Il est toutefois déjà investi par sa nouvelle formation politique, le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) qu’il a fondé en 2021.
Mais pourra-t-il réellement influer sur le scrutin d’octobre prochain s’il se présente ? La question reste posée.
Tristan Sahi